Des données ouvertes citoyennes ?

Posted on October 03, 2019 in OpenData • 2 min read

La ville de Montrouge, au Sud de Paris, ne fournit aucune donnée ouverte (aussi appelées “opendata”) et ce malgré les obligations légales pour les collectivités de cette taille. La situation n’évolue malheureusement pas, avec plusieurs refus et prises de position contre la publication de telles données par la ville. Qu’à cela ne tienne, un groupe de contributeurs d’OpenStreetMap s’est organisé sur la commune et a décidé de collecter et diffuser lui-même de telles données ouvertes !

L’organisation de la contribution à Montrouge, à travers le groupe OSMontrouge, a permis d’organiser et motiver la contribution par thématique. Des positions exactes des adresses sur les entrées des bâtiments au recensement des stationnements deux-roues en passant par le relevé des différents parcmètres de la ville et de leur zone de tarification (entre autres), la base OSM à Montrouge est probablement désormais la base de référence sur la ville pour bon nombre de sujets.

Depuis le 1er octobre, OSMontrouge “libère” un jeu de données par jour. L’expression peut paraître surprenante pour des données qui sont déjà, de fait, sous licence ODbL car présente dans la base OSM. Tout l’enjeu est en réalité ici de réaliser des extractions thématiques et de publier les jeux de données résultants, en clin d’œil aux données ouvertes traditionnellement publiées par les administrations et collectivités.

C’est en effet toute la spécificité et l’originalité de cette démarche, unique à ma connaissance. Quand d’habitude une administration collecte ses données, puis les publie sous licence ouverte afin qu’elles puissent enrichir d’autres projets (citoyens ou non) tels qu’une intégration à OpenStreetMap, la situation est ici complètement renversée. Les citoyens collectent eux-mêmes la donnée sur le terrain et l’ajoute dans OpenStreetMap. Ils fournissent alors des jeux de “données ouvertes” sur un portail similaire à ce qu’utilisent habituellement les administrations, dans une sorte de défi lancé à celles-ci de réutiliser leurs données !

Enfin, la conversion des citoyens en producteurs de données à part entière s’accompagne de pratiques différentes sûrement liées à leurs expériences de réutilisateurs. Exit la frustration ressentie face à des données souvent incomplètes, dépassées ou inutilisables faute de documentation, la documentation est ici aussi exhaustive que possible (sans compter l’ample documentation du wiki OpenStreetMap), toute la pile logicielle est libre, les données sont mises à jour quotidiennement et la contribution et les corrections sont facilitées (un simple compte OpenStreetMap suffit).

Et si, finalement, les données ne pouvaient être vraiment ouvertes que lorsqu’elles sont conçues dès le début comme un commun ?